Le prototype de dériveur gonflable Swell conçu et réalisé par Marion Excoffon, designer à Vannes, a reçu le label Observeur du Design 2012. Le Swell est exposé à la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris du 9 novembre 2011 au 11 mars 2012.

A l’occasion de cette événement et de l’installation récente de la jeune agence de design en Région Bretagne nous avons choisi de mettre en lumière cette démarche originale de conception de produit dans un secteur du nautisme actuellement très dynamique.

« Le Swell est né d’un désir de contribuer à la dynamique d’accessibilité de la voile de loisir pour le plus grand nombre, et de recentrer cette pratique sur la notion de plaisir.
D’une longueur de 3.20 mètres pour 25 kg, le Swell est un dériveur à coque gonflable. Il est léger et tient dans un sac, ce qui facilite son stockage et son transport puisqu’il tient dans un coffre de voiture. Constitué d’un petit nombre de pièces, son montage ou son démontage sont simples et nécessitent moins de 20 minutes. Du fait de la rigidité et de la forme de la coque, et de l’assemblage du gréement, le Swell présente en navigation des qualités nautiques similaires aux dériveurs rigides classiques. C’est un dériveur très réactif rendant la pratique de la voile légère ludique et facile. »


NP : Votre agence est située à Baden près de Vannes, qu’est ce qui vous a motivés à vous installer en Bretagne ?

ME : Attirés par la mer et par le monde du nautisme, mon compagnon et moi avons sillonné les côtes françaises à la recherche d’un endroit agréable à vivre et dynamique d’un point de vue économique. Sur notre chemin, nous avons découvert la Bretagne et plus particulièrement le Golfe du Morbihan, véritable petit coin de paradis. La nature, le calme, la beauté de cette région sont propices à l’inspiration et la Bretagne est un lieu où le design s’affirme.

NP : Quel a été votre parcours, votre expérience, avez-vous un domaine de spécialité, une méthode de travail ?

ME : Après un bac Arts Appliqués à Lyon, je suis entrée à l’ENSCI (Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle) à Paris. Diplômée en Juin 2010, j’ai ensuite travaillé pour l’agence Fritsch Associés sur la réalisation d’un prototype de voilier et sur diverses maquettes. En 2011, j’ai créé l’agence Excoffon Design. En parallèle, j’enseigne la maquette, les matériaux et les procédés industriels à LISAA de Nantes.
Je conçois des produits, qu’ils soient petits ou grands, techniques ou poétiques. D’un univers à l’autre, la transversalité des regards enrichit chaque fois les projets. L’expérimentation par la matière est un axe fort de ma démarche de conception. Quelle que soit la demande, mes recherches consistent en un va-et-vient constant entre le dessin, la modélisation 3D et la matière. Vient ensuite le prototypage qui est pour moi une étape clé de l’élaboration d’un projet et de sa validation.

Exposition de swell à l’Observeur du design Cité des Sciences et de l’industrie

NP : Vous avez mené une recherche sur le concept de dériveur gonflable et transportable Swell. C’est un produit assez technique et éloigné des objets décoratifs et meubles qui caractérisent habituellement les designers « auteurs », quel a été le point de départ de ce projet, et les étapes qui ont permis son développement ? le positionnement de ce produit dans l’environnement concurrentiel ?

ME : Le design apporte bien sûr une esthétique au produit, mais il doit également apporter des solutions techniques qui serviront de nouveaux usages. La conception du Swell est d’abord le résultat d’une analyse d’un mode de vie, d’un besoin. Il est né de l’envie de partager le plaisir de la voile avec tous. J’ai donc d’abord réfléchi à l’usage idéal que pourrait avoir un dériveur aujourd’hui. Le défi était d’avoir un dériveur facile à manœuvrer, à gréer, mais aussi à transporter et à stocker. Il devait tenir dans un sac.

ME : Au cours de l’histoire de la voile légère, le dériveur a vu son évolution fortement influencée par les avancées technologiques. Par exemple, la révolution du Vaurien est le fruit des nouvelles possibilités techniques issues de l’expérience de la guerre, avec les contreplaqués et surtout les nouvelles colles synthétiques qui leur sont associées. Elles permettent une évolution de la construction vers des bateaux simples, peu coûteux, légers et marins. Mais depuis 1958, la conception des dériveurs se cantonne à la construction plastique. Naturellement, il me semblait que c’était l’exploration de matériaux innovants qui allait ouvrir de nouveaux horizons.

ME : Après avoir travaillé sur un modèle pliable en toile tendue inspiré des kayaks inuit, je me suis intéressée au textile à double paroi pour ses incroyables qualités. Constituée de deux parois textiles maintenues entre-elles par une multitude de fils transversaux, le textile double paroi une fois gonflée à relativement haute pression est très rigide.

ME : Très rapidement, il m’a paru évident que la coque devait être entièrement réalisée dans ce matériau. Sur cette idée, j’ai conçu et modélisé l’ensemble du bateau. La mise au point de la confection de la coque par le biais de divers échantillons a permis la conception et la réalisation d’une coque à carène hydrodynamique et donc performante. Elle est le coeur de l’innovation.

ME :Le reste des pièces imaginées a ensuite pris place sur la coque, évoluant au fil du prototypage puis des tests sur l’eau. La voile de planche à voile, qui a propulsé le bateau lors de sa première mise à l’eau, a permis l’élaboration d’une voile propre au Swell. Des ailes en bois réglables ont permis de dessiner les ailes finales en aluminium de façon à ce qu’elles présentent un appui ergonomique pour le navigateur.

ME : Finalement, dans le paysage actuel de la voile légère, le Swell est un bateau performant qui présente des qualités nautiques similaires aux dériveurs actuels. Contrairement aux dériveurs existants, il ne nécessite pas l’achat d’une remorque puisqu’il est facilement transportable dans le coffre d’une voiture, et il possède l’avantage de pouvoir être stocké dans un simple placard et de pouvoir être facilement mis à l’eau partout.

NP : Avez-vous eu recours à des expertises extérieures, des aides à l’innovation, connaissez vous les dispositifs d’accompagnement ?

ME : Le développement du Swell, a donné lieu à de nombreuses rencontres. J’ai fait appel au savoir-faire d’Antoine Fritsch pour son expertise dans le domaine du nautisme. L’entreprise Pennel et Flippo a généreusement fourni le textile à double paroi. Anne Goasguen, une navigatrice qui a suivi une préparation aux Jeux Olympiques sur dériveur 470, a donné ses impressions sur le projet lors de tests de navigation. Deux entreprises, Cardot Marine et Secumer, ont contribué également à résoudre quelques difficultés techniques concernant la coque. Je n’ai pas obtenu d’aides à l’innovation, les dispositifs étant plutôt destinés aux entreprises qui souhaitent produire elles-mêmes leur création.

Soudure des parties métalliques

Emplanture de mât

NP : Le dériveur Swell est présenté et labellisé à l’Observeur du design organisé par l’APCI, parlez nous de cette expérience et de ses perspectives ?

ME : Grâce à l’Observeur du design, le Swell a pu être présenté au grand public. Il est en effet exposé à la Cité des sciences et de l’industrie jusqu’au 11 mars 2012. Cela permet d’avoir un retour sur le produit qui est actuellement très positif. Désormais, il est question de convaincre des industriels, et le label de l’Observeur du design est une reconnaissance qui peut rassurer.

Détails de pièce centrale

NP : Le nautisme est un secteur de pointe en Bretagne, en connaissez vous les acteurs, entretenez vous des liens avec eux ?

ME : Le Swell me permet de rencontrer les acteurs du nautisme en Bretagne. Des contacts sont en cours…

NP : Dans ce domaine sur quel autre type de projet aimeriez-vous travailler ?

ME : J’aime la découverte, les rencontres et les défis. Toute aventure dans le domaine du nautisme m’enthousiasmera. Mais ce qui me plaît le plus c’est d’être dans le concret. Alors pourquoi pas concevoir un voilier un peu plus grand et suivre le projet jusqu’à sa mise à l’eau…

NP :  Avez-vous d’autres projets en cours, des commandes ?

ME : Depuis mon arrivée en Bretagne, j’ai consacré beaucoup de temps au Swell. Ce projet devrait m’occuper encore un peu et sera tremplin pour m’intégrer dans la région car je travaille aujourd’hui pour des clients sur Lyon et sur Paris.

Détails de mise au point de la voile

Crédit photo : Véronique Huyghe – ©

Crédit photo : Véronique Huyghe – ©

Premiers essais du prototype sur l’eau

Ce projet, réalisé avec le support d’Antoine Fritsch qui a apporté son expérience et son savoir-faire dans le domaine du design et du nautisme a également impliqué La société Pennel et Flipo, qui fabrique les tissus de la gamme Orca® ainsi que la société Secumer.  Swell a fait l’objet d’un dépôt de brevet auprès de l’INPI.

 VIDEO EXTRAIT JOURNAL FRANCE 3

EXCOFFON DESIGN
56870 BADEN
Tél. : 06 84 39 28 75  
marion.excoffon@gmail.com 
www.excoffon.com

Interview réalisée par Nicolas Prioux – Novembre 2011 – Crédits photos : M. Excoffon ©

Ressources :

http://www.nautismebretagne.fr/
http://www.bretagne-info-nautisme.fr/
Document de présentation de la filière du Nautisme en Bretagne
http://www.citevoile-tabarly.com/
http://www.nea2.eu/fr/600/00/
http://www.eurolarge.fr/

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